Le Saint-Trojan ou l'atelier des ''miracles''
Le hangar, érigé pour les besoins de la NAVCO, abritait des hélicoptères destinés à l’instruction et accueillait les professeurs et leurs stagiaires étrangers.
Au cours de la décennie 1970-1980, la France développe ses activités économiques, commerciales et sa coopération militaire en direction des pays que l’on qualifierait aujourd’hui « d’émergents ».
Rochefort reçoit alors des stagiaires Indiens, pakistanais, iraniens, irakiens, saoudiens, émiratis, libyens et thaïlandais grâce à une structure adaptée au sein de la DGA.
Les étudiants y apprennent le français, les sciences exactes, les techniques aéronautiques et y préparent les concours d’entrée aux grandes écoles militaires françaises. La NAVFCO (Sociéte Navale de Formation et de Conseil) assure les travaux pratiques; l’encadrement est composé, pour l’essentiel, d’anciens marins de l’aéronautique navale.
Au cours de la décennie suivante, les restrictions budgétaires contraignent la Marine à organiser la fermeture de nombreux établissements et, parmi eux, la plus ancienne de ses bases : Fréjus- Saint Raphaël (1911) qui abritait le CEPA, Centre d’expérimentation pratique de l’Aéronavale, l’EOPAN qui préparait les futurs officiers pilotes, les escadrilles 10S et 20S.
Cette base avait survécu aux deux guerres mondiales, à la catastrophe du barrage de Malpasset (485 morts).
C’est ainsi qu’après le départ de la NAVFCO, le hangar Saint Trojan se prépare à accueillir l’EIP, (école d’initiation au pilotage) et l’escadrille 51S en provenance de Fréjus; cette école fonctionnera sur le site jusqu’aux… contraintes budgétaires suivantes.
Alors la Marine, qui va devoir fermer son Centre Ecole (CEAN) de Rochefort, laisse l’EIP/51S s’envoler vers le ciel de Bretagne, précisément à Lanveoc Poulmic.
L’autorité maritime locale décide de créer un musée de traditions dans le hangar « ASTRA » qui abritera la collection de 1986 à Décembre 1999.
L’ANAMTAN est créée en 1990, elle donnera naissance à l’association ANAMAN actuelle dont le dynamisme et la pugnacité seront d’abord reconnus par les collectivités locales et, enfin, par l’Etat major de la Marine.
Convaincu de l’intérêt que présente une collection de qualité nationale dans son département, le Conseil général de la Charente Maritime acquiert les infrastructures dont le hangar Saint Trojan.
Le nouveau propriétaire accepte d’abriter la collection et l’association ANAMAN, qui installe aussitôt son siège social dans le hangar dodin (1929). C’est ce hangar qui accueille les expositions sur 3 500 mètres carrés, et le hangar Saint Trojan (1500 M2) reçoit les indispensables chantiers de restauration et d’entretien des machines.
Pourquoi St Trojan ?
Urjan, évêque de Saintes au VI° siècle, dont le nom est déformé en Trojan, développe sa religion dans la vallée de la Charente ; une église est construite au XII° siècle, bientôt un bourg s’installe qui prend le nom du Saint, puis deviendra Trojan la Montagne sous la Révolution et qui sera rattaché à la commune de Boutiers à la fin du 19ème siècle.
Saint Trojan les Bains, petite station balnéaire de l’île d’Oléron , pendant la première guerre mondiale, accueillera sur son littoral un important Centre d’Aviation Maritime (CAM), dépendant de celui de Rochefort jusqu’à ce que nos alliés américains s’y installent au lieu-dit « Gatseau », en 1917.
En 1918, deux hangars sont montés par 300 matelots américains, la première des deux cales est construite et deux hydravions, de construction française, apparaissent dans le ciel charentais, aux mains des pilotes américains ils doivent protéger les navires marchands qui approvisionnent La Rochelle-Pallice et Bordeaux.
Cette base, qui sera désaffectée à la fin de 1918, recevra un sanatorium, puis le Centre médico-social de Lannelongue (en hommage au chirurgien Odilon Lannelongue), encore en activité de nos jours. Aujourd’hui, on peut encore voir sur place ce qui reste du « sleep » de mise à l’eau des hydravions, du ponton d’amarrage de la drome, des soubassements des hangars et du « centre vie ».
Le hangar Saint Trojan serait donc le digne héritier de celui qui fut construit sur l’île d’Oléron, au début du siècle dernier.